Discours du 13 février 2020, Pau

Cher.e.s ami.e.s,

Nous vivons en ce moment dans un espace de profusion programmatique où les citoyens et citoyennes peuvent se perdre, où la confusion peut apparaître, dans des propos hors champ au risque d’une démobilisation démocratique.
Nous, partis de l’écologie politique, nous devons réexpliquer notre vision, affirmer notre singularité dans la diversité. Il est vrai que l’urgence climatique et ses désastres environnementaux et sociétaux ont braqué les projecteurs de l’actualité sur cette voie que nous empruntons depuis plus de 40 ans. Car qui d’autre a cet ADN qui propose de sortir du productivisme, de répudier les dogmes de la croissance, de redonner à la nature ses droits. De vivre tout simplement en harmonie pour chacun et chacune avec notre environnement.
De plus en plus de listes se rassemblent sous l’affirmation d’une identité écologiste, et c’est très bien. Mais l’écologie politique, si elle se veut accueillante, n’en ai pas moins exigeante. Elle se doit d’être cardinale.
À l’heure de l’urgence climatique, nous sommes de plus en plus d’accords pour dénoncer l’Ancien Monde productiviste et son système, où la démocratie dérape et n’est plus en adéquation avec les attentes et les besoins de notre Nouveau Monde.
Pour l’écologie politique, la réflexion privilégie les contraintes biophysiques ce qui est un avantage par rapport aux autres partis, car il y a un fondement scientifique à son approche. Les avancées sociales dépendent donc, de l’état des ressources naturelles et de sa bonne gestion. L’écologie est sociale, le contraire n’est pas toujours vrai. Le travail au sens de production et de croissance n’est pas, pour les écologistes une fin en soi, mais plutôt une impasse dangereuse. Nous prônons une autre voie, où l’attention au vivant et ce d’une manière naturelle et inclusive est le point le plus important.
Cela fait 40 ans que nous travaillons (avec le taux le plus élevé d’assiduité dans toutes les assemblées, à tous les échelons, de la commune à l’europe) sur cette urgence qui est devenue plurielle. L’expertise et la conscience sociétale qui en découle nous permettent de proposer et d’accompagner cette transformation fondamentale d’une manière sereine et transversale. Le changement de paradigme que nous proposons est profond, il nous faut maintenant pouvoir prendre le temps (et donc s’arrêter et choisir) pour décider :
Si nous formons le choix des anciens systèmes, par confort personnel, peur de l’avenir, espoir technologique, et vivre alors sous le dictat de l’argent et des inégalités qui sont de plus en plus fortes depuis les années 80 et ce dans toutes les démocraties (« Capital et idéologie » Thomas Piketty)
ou encore tomber dans le nationalisme exacerbé et sa haine de l’autre.
Ou si nous voulons vivre en harmonie dans une démocratie permanente et libre.
L’écologie politique est cette troisième voie, avec ce retour à notre monde naturel et nous n’en avons qu’un. Nos besoins sont tous issus de la nature d’une manière ou d’une autre que ce soit notre alimentation ou les terres rares indispensables à nos technologies. Nous savons maintenant que cette course à la technologie et à la consommation nous conduit à notre perte.
Et pourtant, les émissions de gaz à effet de serre augmentent d’année en année. La possibilité d’accéder aux recommandations du GIEC s’éloignent dans un horizon rougit aux couleurs des megas feux.
Alors, oui, mes ami.e.s, l’écologie politique est radicale, mais cette radicalité aussi bouleversante pour certains, n’en est pas moins heureuse et porteuse de joie.
L’homme est naturel, sans nier sa culture et sa singularité par rapport aux autres espèces vivantes (mais quelle autre espèce n’est pas non plus, singulière du blob aux grands mammifères). Ne faisons pas de nous le sommet de la pyramide, qui plus est une pyramide qui détruit sa base, ça na pas de sens.
L’écologie politique, c’est donc penser notre monde et toutes les actions et les relations que nous entretenons avec ce monde au travers de cette matrice systémique qui se doit être constitutionnelle.
Cela commence par le respect et la connaissance de nous-mêmes à partir de l’autre. Saint-Exupéry donnait cette définition : « L’humanisme s’est donné comme mission exclusive d’éclairer et de perpétuer la primauté de l’homme sur l’individu ».
C’est donc un changement radical des modes de gouvernances de l’individu à l’homme et à la femme puis au collectif que nous nous devons d’appliquer. Cet aspect se dessine très nettement dans les nouvelles associations et collectifs de citoyen.ne.s. Le pouvoir est destructeur, le confier à une seule personne est destructif. De nouvelles formes de gestion partager voient le jour, notre monde est en transformation, j’ai l’espoir que nous mûrissons pour une conjugaison harmonieuse et collective de notre raison et de notre nature.
Le progrès n’est plus synonyme de bonheur, le rapport entre nuisances des technologies actuelles et l’accroissement du bien-être est bien souvent énormément négatif, et ce depuis plus de 50 ans. Il nous fout changer de capital passer de l’économie à l’écologie, le capital économique est basé sur une nature gratuite, pourtant seule véritable et réelle richesse.
Que l’on soit collapsologue ou pas, nous assistons à une transformation par écocide et réaction en chaîne d’une manière exponentielle. Ces manifestations sont quotidiennes, elles nous touchent à présent, sur nos territoires, et ce de plus en plus fréquemment.
C’est maintenant dans cette optique qu’il nous faut aborder notre avenir, l’écologie politique a pour leitmotiv le bonheur des générations futures. S’il est maintenant un peu tard pour faire marche arrière il est urgent de se préparer pour une autre façon de vivre. Vers plus de proximité, d’attention à l’autre, de partage et de solution locale. Il nous faut plus que jamais avoir le courage et la cohérence de nos engagements.
Si nous ne sommes pas solubles dans les anciens partis, et pour citer Julien Bayou, notre SN, nous sommes pourtant populaire, éco féministe et profondément républicain. Nous devons dépasser les frontières de notre parti et sans ostracisme mais sans confusion nous devons bâtir le grand mouvement dont l’écologie politique a besoin.
Nous ne sommes pas une alternance mais une véritable alternative.
C’est pourquoi les élections territoriales, municipales, intercommunales, départementales sont la clé de voûte de ce changement. C’est ici et maintenant que nous proposons de vivre différemment. Sans doute beaucoup plus sobrement, mais beaucoup plus humainement. Les réponses, si elles sont globales, doivent commencer à notre échelle. Il nous faut nous structurer pour une alimentation autonome et naturelle, une indépendance énergétique et durable qu’il faut appréhender dans la sobriété. Un bien vivre ensemble pour toutes et tous, l’écologie politique est inclusive et ce d’une manière inconditionnelle.
Une économie circulaire et non basée sur la croissance, mais sur le bien vivre ensemble.
Des déplacements apaisés les plus locaux et les moins énergivores possible. Un travail partagé et choisi sur un rapport entre pénibilité, intérêt et rétribution en toute équité pour avoir du temps pour soi et pour les autres.
Des communs autogérés et partagés sans aucune discrimination ni stigmatisation.
Une démocratie permanente où la profondeur des débats et le respect de chacun.ne sont basés et actée sur une vision consensuelle commune et progressive pour une recherche d’harmonie universelle.
Enfin il nous faut rendre le statut de personne à la rivière de notre village comme à l’arbre de notre parc citadin.
Cette vision n’est pas qu’idéologique, elle se traduit concrètement où des communes et des villes prennent des initiatives dans ce sens, les alternatives sont bien réelles, il faut juste prendre ce soi-disant risque, « Ce qui nous est connu est suffisamment inquiétant pour que nous puissions accepter de courir le risque de l’inconnu. » Nous disait Romain Gary.
Je vous souhaite à toutes et tous de belles municipales.

Philippe Glorieux, Conseiller Fédéral EÉLV

Share This